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Naomi

CHEZ

Pour cette première papote, j’ai voulu passer un moment avec Naomi. Tout d’abord parce qu’on se connaissait déjà, mais pas tellement. Une belle personne partie trop tôt, Kris, nous a créé un lien particulier. Ensuite parce qu’elle est entière, elle ne semble pas cacher qui elle est, ce qu’elle pense, elle a beaucoup de choses à dire, elle mène plusieurs combats et son plus beau est celui d’être heureuse en vivant ses rêves. Sportive, bruxelloise, bavarde, extrêmement souriante, cultivée, drôle, militante, généreuse, amoureuse de sa cafetière, une sacrée mademoiselle !

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Tout d'abord, qui es-tu?

Naomi, Nana, Nao, ca dépend dans quel contexte. J’ai 30 ans, je suis très fière d’avoir 30 ans, je trouve ça trop cool. Souvent on se présente par sa profession, et je me suis fait la réflexion que je n’ai pas envie que ça soit le centre de ma vie. Je suis une femme, une femme noire, mais aussi grosse, rugbywomen, je travail chez les Scouts dans le domaine de la diversité et l’inclusion. Je suis passionnée par l’amour, les voyages et…les plantes.

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Ho mais ma plante elle est en train de mourir, ouille ouille dis, ça te dérange pas que… Notre papote fait une pause pour diagnostiquer et (on l’espère) sauver la plante de Nana.

Quel est ton parcours de vie?

​Je suis née et j’ai grandi à Bruxelles, très fière d’être bruxelloise. Meme si mon copain critique toujours Bruxelles, moi je m’en fou, c’est ma ville, c’est là où je suis née, d’une maman espagnole et d’un papa nigérian. Ma scolarité, les scouts, le rugby, toute ma vie sociale est ici. J’ai toujours fait pleins d’activités, quand j’étais petite j’avais la danse, le théâtre, les scouts, le rugby, mes mercredis après-midi c’était WTF. Pourquoi le rugby plus que la danse par exemple? La danse, j’ai toujours adoré, mais ça m’a moins dépensé et défoulé que le rugby, personnellement. Le rugby est arrivé un peu par hasard, et quand je l’ai rencontré, j’ai aussi rencontré une autre partie de moi que je ne connaissais pas. Et c’était vraiment dingue ! 

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J’ai fait l’univ, bachelier en science politique et un master en sciences de la population et développement. Je savais que j’avais envie de travailler dans le domaine des ONG etc., mais l’univ m’a un peu dégoutée de ce monde là. La façon dont on travaille dans ce milieu là, je me suis rendue compte que c’était vraiment du néo-colonialisme (”nous les gentils riches, allons aider les petits pauvres” ndlr). A l’époque, je suis tombée de haut, j’ai été déçue. Après mes études, j’ai travaillé 4 ans en tant que chargée de projet diversité et inclusion au sein des Scouts, je me suis blindée épanouie, j’ai blindé grandi. Et maintenant, je vais commencer ma carrière à l’international, je vais travailler au Burundi. Heu.. c’est un peu le serpent qui se mort la queue, mais je me sens plus grande, plus mature, et je me sens prête à aller là dedans maintenant. Tu dis que c’est le serpent qui se mort la queue, tu ne penses pas que c’est mieux que de ne rien faire? Si bien sur, mais je pense qu’il y a la manière de le faire, la manière me pose beaucoup de questions. On verra comment cela va se présenter, mais je suis plutôt confiante, mes collègues seront des collègues locaux, qui travaillent pour la branche locale de mon futur employeur. Cela me rassure quant à la manière d’intervenir. Cela ne va pas être une grosse institution qui débarque dans un pays, qui dicte et impose selon ce qu’elle pense être vrai. Il y a une idée de collaboration qui me plait beaucoup.

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Penses-tu qu’il devrait y avoir une cellule diversité et inclusion au sein de la fédération belge de rugby ? Ca ne te tenterait pas de le faire?

Oui, partout on devrait mettre des personnes concernées, parce qu’on vit dans une société qui nous a éduqué de telle manière que toi en tant que personne cisblanc hétéro, même si tu tends à déconstruire les idées etc, il y a des choses que tu ne verras pas, que tu ne vivras pas. C’est pour cela que des personnes concernées doivent être là pour te dire “attention ceci c’est sexiste, attention, ça c’est raciste, attention ça c’est homophobe, etc”. Mais je pense que c’est tellement dur d’accepter qu’il peut y avoir du racisme, de l’exclusion, de l’homophobie etc, qu’on nie tout cela et on préfère rester avec nos idées de bonnes valeurs. Et cela de manière générale dans toute institution, on préfère penser que cela n’existe pas chez nous. Donc oui je pense que ce serait important d’avoir cette cellule au sein de la fédération du rugby belge, si je pouvais allier ma passion de ce sport et ma passion pour la diversité et l’inclusion et le fait de faire une place pour chacun et chacune, ce serait le rêve. Si on me proposait ce poste j’y réfléchirais, mais je ne vais pas ruer dans les brancards, je pense que c’est quelque chose qui doit venir de l’intérieur, sinon on s’épuise pour rien. Et puis… dans ma vie de tout les jours, je porte déjà assez de choses, assez de combats, que pour encore me prendre des murs.

On va passer un peu plus à ton chez toi. Il raconte quoi ton chez toi?

La philosophie de chez moi, c’est vraiment cocooning, j’adore que les gens s’y sentent bien, que ça soit chaleureux. C’est vraiment important que je me sente confortable chez moi, je suis en coloc donc c’est encore plus important que se le soit dans ma chambre. 

La société voudrait qu’à 30 ans on soit propriétaire, mariée, un enfant, un chien et deux poissons rouges, tu en dis quoi toi qui est en collocation et qui pars bientôt à l’étranger?

J’ai envie de dire, déjà, que si la société veut qu’on ne soit pas en collocation, donnez nous d’abord l’argent pour acheter des appartements, ou baissez les loyers à Bruxelles. Moi je suis très bien dans mes baskets, et là où je suis aujourd’hui. Je pense que j’ai fait un très gros travail de déconstruction des normes, je suis très fière de moi, de ce que j’ai réussis à mettre en place. Alors oui j’ai envie d’avoir des enfants, d’acheter un appart, mais toutes celles qui nous ont précédé, m’ont appris qu’on est pas obligé de le faire maintenant. 30 ans concrètement c’est jeune. Je croyais qu’avoir 30 ans c’était être adulte, mais dans ma tête en fait, je le suis toujours pas. D’ailleurs c’est quoi ce concept d’adulthood? Quoi, quand, qu’est-ce, quid? Donc oui je suis très contente avec ma colloc, j’aime beaucoup mon copain mais j’ai pas spécialement envie d’habiter avec lui pour le moment et il le sait. Avec ma colloc on adore que ce soit cocooning, allumer des petites bougies etc. En gros en été on est pas vraiment là, c’est plus en hiver que le foyer se crée. 

Est-ce que la collocation est pour toi un choix de “vivre avec une copine” ou plutôt une réponse à une situation financière face au prix de l’immobilier?

Je pense que si financièrement j’avais les moyens d’acheter un petit appart cosy, d’office je l’aurais. Je suis quelqu’un de très empathique, très tournée vers les autres, donc je suis constamment en train de penser au bien-être de ma colloc, à ce que mon individuel ne dérange pas la communauté. 

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Dans quel contexte as-tu grandi? En quoi cela influe sur ta manière de vivre maintenant?

J’ai grandi dans une foyer heureux, aimant, et chaleureux, mais relativement précaire. On a déménagé, j’ai vu parfois débarquer les huissiers, on vivait dans des très petits espaces à 4. J’ai toujours partagé ma chambre avec mon petit frère, je n’avais pas d’intimité. Je vois maintenant que j’ai du mal à vivre dans des petits espaces, j’ai besoin de pouvoir bouger, d’avoir un grand salon, une grande chambre. Je ne pourrais pas vivre dans un studio, j’ai besoin de pouvoir dissocier la vie en communauté du salon et l’intimité de ma chambre où je peux me recharger. Ce que je n’avais pas quand j’étais enfant. D’un autre coté, j’aime que ça vive, il y a toujours quelqu’un qui va passer, c’est le foyer du petit bonheur. Donc j’ai eu une réaction aux petits espaces mais le coté convivial et partage de mon foyer d’enfance me suit dans ma manière de vivre actuellement. Par exemple, je fais à manger, d’office il y en a pour ma colloc ou pour toute personne présente dans l’appartement ou encore ceux qui pourraient passer.

Quelle est la pièce de ton appartement que tu préfères? Et celle dont tu t’en fout?

Ca dépend, des fois ce serait ma chambre et des fois, le salon. Si je fais une métaphore, je dirais que le salon c’est le “moi extérieur”, comment je me présente au monde, ce que je veux que les gens voient de moi, et ma chambre, le “moi intérieur”, mon intimité. Je pense que ça marche pour beaucoup de personne, que c’est comme ça que le cerveau fonctionne. Je dirais que la pièce dont je m’en fout un peu, c’est la salle de bain, j’y passe pas beaucoup beaucoup de temps.

Ton élément de déco qui te tient le plus à coeur?

Rho mais il y a trop de choses, en plus je suis quelqu’un d’hyper sentimentale, super attachée aux trucs. De manière générale je pense que j’aime vraiment bien mes illustrations, elles disent toujours quelque chose de moi, ce sont à chaque fois des coups de coeur. J’en ajoute, mais n’en retire jamais. Il y en a deux, ce sont mes amours, le tournesol et l’éléphant, ce sont deux trucs que Kris m’avait fait. L’éléphant elle nous l’a fait à une amie et moi, pendant le covid, elle nous l’avait envoyé par la poste. Et le tournesol, elle avait commencé à le faire et elle n’a jamais pu le finir. C’est tristement la réalité mais en même temps c’est beau, ce qui m’a fort touché c’est que sa famille a gardé toutes ses illustrations, mais elle m’a donné celle-là, qu’elle faisait pour moi. Du coups, je me suis fait tatouer un tournesol. Et celle-là c’est le bar “chez Emile”, c’était notre repère avec ma première colloc quand on habitait dans le coin.

Peux-tu me montrer 3 objets qui te définissent, que tu aimes particulièrement, qui racontent ton histoire pour toi?

Ma petite machine à café, c’est une de mes meilleures amies qui me l’a offert. Quand je suis en télétravail, le we, quand il y a du monde, c’est sur j’en fais. Le café c’est la vie, c’est chaleureux, c’est communautaire, c’est réconfortant…le café.​

Un miroir? il y en a pas mal chez moi. Ca permet de se regarder, l’introspection, ça ouvre vers le monde, vers la lumière.

J’hésite entre le fauteuil et mes petits lamas. J’aime vraiment bien ma petites famille de lamas, ils sont trop kikis. C’est un peu mon père, ma mère, mon frère et moi. Je les ai ramené de Bolivie où j’ai fait un stage et mes recherches de mémoire sur Les femmes d’une coopérative féminine locale.​

Après j’aime bien aussi mes petites cartes de Bruxelles de l’illustratrice Camille Toussain, ce sont des lieux iconiques où j’ai passé beaucoup de temps. J’aime bien avoir une partie de mon adolescence, de ma vie, sur le mur. 

Tu pars bientôt à l’étranger pour un an, qu’est ce que tu vas prendre la bas?

Han, OMG, c’est trop dur comme question ! Je pense que je vais quand meme prendre avec moi une ou deux illustrations, dont l’éléphant de Kris, il m’accompagne toujours partout. Des jeux de société, pour faire communauté, des draps, je suis une folle de draps moi ! Peut-être cette petite boite, un des premiers cadeau que mon copain m’a offert. C’était trop cute parce qu’il avait pas spécialement beaucoup de sous et il m’a fait pleins de petits cadeaux seconde main. Il a tellement tapé dans le mile que ça m’a vraiment touché. 

Pour finir, un livre à conseiller? une chanson qui te trotte dans la tête?

J’ai pas trop le temps de lire pour le moment, je suis du style à commencer un livre et jamais le finir. Plutôt un roman graphique alors. J’arrive plus à me concentrer alors je recommence tout le temps. Je préfère broder. Et pour le moment j’adore “It’s My house de Diana Ross”

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